
La co-régulation : fondement du développement émotionnel précoce.
Nous allons voir comment les signes associés à la parole soutiennent les moments de transitions tels que la rentrée et les premières séparations bébé – parent. Les signes contribuent à instaurer une régulation émotionnelle partagée. Cette co-régulation est le processus par lequel un adulte sensibilisé aide un bébé à apaiser ses émotions, avant que celui-ci n’acquière des stratégies autonomes. Elle s’appuie sur une relation parent-enfant ou adulte-enfant hautement réactive et bienveillante.
- Selon le Modèle de Régulation Mutuelle (Mutual Regulation Model), le développement des capacités émotionnelles repose sur: la maturation du bébé, ses moyens de communiquer, (gestes, expressions, vocalisations), la capacité du parent ou de l’adulte à interpréter ces signaux à y répondre de façon adaptée.
- Des interactions sensibles et réactives favorisent le développement de l’autorégulation chez l’enfant, tandis que des échanges peu structurés ou inadéquats peuvent entraîner une plus grande détresse.
La rentrée : une période de transition émotionnelle
La rentrée, qu’il s’agisse de la reprise à la crèche, à la garderie ou l’entrée en collectivité, marque souvent une rupture dans les routines rassurantes instaurées à la maison. Ces changements peuvent engendrer une fragilité émotionnelle chez les tout-petits.
Quand le parent ou professionnel offre un environnement fiable, sécurisant, l’enfant construit un modèle interne positif (“je peux gérer cette séparation”). L’anxiété peut être présente, mais l’enfant a alors le bagage nécessaire pour y faire face.
Les enfants habitués à anticiper les événements, les routines et les séparations développent une meilleure gestion de leur stress et une plus grande sérénité.

Accompagner les émotions du bébé grâce aux signes associés à la parole
Introduire des signes associés à la parole (Bébé Signes), enrichit le répertoire communicatif des bébés, favorise l’expression émotionnelle, et augmente la réceptivité aux réponses bienveillantes.
Cela permet au parent ou professionnel de valider l’émotion de l’enfant : « je vois que tu es triste, je suis là » et de préparer les temps à venir, favorisant une anticipation sereine.
Même avant de parler, les gestes renforcent la communication, réduisent la frustration, et facilitent les interactions parents-bébé ou adultes-bébé.
En période de stress, comme une séparation, la possibilité pour l’enfant de signaler ses émotions (tristesse, peur, “au revoir”) offre une ouverture pour des réponses adaptées et apaisantes. >
De même, en sens inverse, voir son parent signer et parler « je vais au travail », « on se voit après », « à tout à l’heure » permet à l’enfant d’anticiper un retour de l’adulte en fin de journée, et donc d’apaiser ses craintes.
Application pour les professionnels de la petite enfance
Les professionnels d’EAJE : crèches, MAM, halte-garderies, mais aussi assistantes maternelles jouent un rôle clé dans la co-régulation en période de rentrée :
À chaque séparation, l’enfant apprend que ses émotions sont perçues, validées, puis apaisées, fondation d’une autonomie émotionnelle progressive.
En adoptant ces signes dans les rituels de séparation, ils créent une continuité affective avec le domicile (repères partagés).
À travers une interaction consciente et sensible, ils renforcent l’attachement sécurisant, même en leur absence.
Il est essentiel que les professionnels de la petite enfance puissent être formés aux signes associés à la parole afin de soutenir au mieux les enfants dans ces moments clés de transitions.
Retrouvez ici quelques signes pouvant aider lors de cette rentrée :
Bibliographie
Tronick, E. Z. (2007). The neurobehavioral and social-emotional development of infants and children. New York: W.W. Norton & Company.
Feldman, R. (2007). Parent–infant synchrony and the construction of shared timing; physiological precursors, developmental outcomes, and risk conditions. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 48(3-4), 329–354. https://doi.org/10.1111/j.1469-7610.2006.01701.x
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Feldman, R. (2017). The neurobiology of human attachments. Trends in Cognitive Sciences, 21(2), 80–99. https://doi.org/10.1016/j.tics.2016.11.007